Donne-moi un jour sans cris, sans cassures et sans larmes.
Donne-moi un jour léger, qui m’enveloppe de bleu dans ses bras nus.
Donne-moi un jour qui se lève avant que je ne m’éveille et qui s’achève avant que je ne m’endorme.
Donne-moi un jour glorieux ou un jour mélodieux.
Donne-moi un jour qui refuse de se voir mourir et qui lutte jusqu’au sang dans un coucher de soleil pourpre.
Donne-moi un jour sans cette fatigue qui fait s’essouffler mon feu et ma foi.
Donne-moi un jour rien que pour moi, rien que pour toi.
Donne-moi un jour qui me cueille fraîche à mon réveil, et qui célèbre mon lever comme un retour de soleil.
Donne-moi un jour sans projet, sans but, libre même de la direction du hasard.
Donne-moi un jour de paresse absolue, et en son creux des siestes crapuleuses.
Donne-moi un jour qui ne se finisse pas, un jour qui ne meure qu’entre le coucher et le lever de mes paupières.
Donne-moi un jour froid quand je n’ai pas peur de manquer,
un jour chaud quand mon corps est déchargé,
un jour tiède quand j’ai besoin de marcher.
Donne-moi un jour qui soit meilleur que moi.
Donne-moi un jour de plus quand j’en veux encore et que je ne l’ai pas mérité.
Donne-moi un jour qui tremble de vulnérabilité et qui fasse résonner mes mots.
Donne-moi un jour contre lequel je n’aie pas besoin de me battre.
*
Donne-moi ce jour et je te ferai un nectar de mes larmes et de mes demi-sourires, jusqu’à ce que tu sois ivre de moi.
Jusqu’à ce que tu t’endormes. Dans mes bras.